samedi 19 décembre 2020

Aviation militaire française auprès de l'armée serbe

 Voici une carte rappelant l'épopée du service aéronautique de l'armée serbe pendant la Grande Guerre, qui rassemblait des personnels français et serbes combattant dans les mêmes escadrilles! 



Sur cette carte postale montrant une vue de Salonique, datée de juillet 1916, l'expéditeur indique comme adresse:

"Aviation française, détaché à l'armée serbe, escadrille MF99"



Il s'agit de la toute première escadrille franco-serbe. Elle était au départ composée de 6 avions Farman XI, mais aussi d'ateliers mobiles, de hangars repliables, de tracteurs, etc. 

Son QG s'installa à Palanka le 6 avril 1915. Suite à l'invasion de la Serbie, elle se replia sur Saint-Jean de Medera où elle embarqua le 31 décembre 1915.

Entre temps, en octobre 1915, avaient débarqué à Salonique les premières troupes de la future armée française d'Orient. De nouvelles escadrilles arrivent progressivement; elles seront au nombre de 11 au début du printemps 1916:

MF82, MF83, MF85, MF86, MF88, V83, V84, N87, ainsi que les C89, V90 et N91 qui avaient été dépêchées à l'automne pour soutenir l'armée serbe avant de regagner Salonique lors de la retraite.

Le capitaine Vitrat, pour constituer une véritable aviation rattachée à l'armée serbe, demande que soient regroupées l'escadrille des Dardanelles (MF98T), celle de Corfou (MF82) et l'ancienne MF99S à reconstituer.

Le 30 mai 1916, les forces aériennes serbes renaissent avec 5 escadrilles détachées de l'AFO sous la responsabilité de Vitrat. Chacune de ces escadrilles franco-serbes est commandée par un officier français avec comme adjoint le plus gradé des officiers serbes:

La MF98T (1ère armée serbe), la MF82S (2ème armée serbe) et la MF99S (3ème armée serbe) sont des escadrilles de reconnaissance; la V84 est une escadrille de bombardement et la N87, une escadrille de chasse (ces deux dernières sont directement subordonnées  au haut-commandement serbe).


La marque justifiant la franchise militaire est celle de la MF82S:


* Aviation Militaire Française *
(Au)près de l'Armée Serbe
* Escadrille M.F. 82 S *
Secteur Postal 502

Qui était F. CHAMBRIER?

Le seul Chambrier apparaissant dans le fichier du personnel de l'aéronautique militaire au cours de la Grande Guerre est le mécanicien Fernand Charles CHAMBRIER:



Mais ce fichier n'est sans doute pas exhaustif...


Pour en savoir plus, lire l'article qui m'a servi de source:

"La France et les débuts de l'aéronautique militaire serbe",

 Marie-Catherine Villatoux, revue historique des armées, n°280, 3ème trimestre 2015, pp. 66-78.



vendredi 20 novembre 2020

QUATRE EMISSIONS SUR LA MEME LETTRE

 Il y a 20 ans, François ROURE publiait son "Etude critique de quatre émissions sur la même lettre" dans la revue du C.L.E.P.M. (Supplément au N°128).

Il concluait ainsi:

"Les plis comportant quatre émissions différentes (timbres sans entiers), dont toutes les figurines sont encore en vente au jour de l'oblitération, sont de véritables raretés."

En voici un bel exemple, je trouve:



Lettre recommandée, PARIS 1939, affranchissement à 2F50 selon le tarif du 17 novembre 1938.

Ce n'est pas un entier postal.

Le courrier émane d'une société (La Fiduciaire Pigier).

En ce 10 mars 1939, les quatre valeurs présentes sont bien en vente dans les bureaux de poste:

Le 5c MERCURE sera retiré le 23 janvier 1942.

Le 30c SEMEUSE sera retiré le 28 décembre 1940.

Le 1F75 CÉRÈS sera retiré le 20 mars 1939 (Ouf!)

Le 40c PAIX sera retiré en décembre 1937... mais remis en vente en 1939 comme l'explique Derek J. RICHARDSON dans sa monographie sur le type PAIX (Philoffset Editions, 1984):

"Des stocks inutilisés du 40c Paix -dont des préoblitérés- furent distribués pour cet usage* avant d'être remplacés par le 40c violet Mercure en février-mars 1939."
* le tarif du 17 novembre 1938: cartes postales moins de 5 mots et imprimés de 20 à 50g.


Voici un exemple de lettre de la même époque qui ne réunit pas les critères précédemment évoqués:


Notons que la lettre n'a pas été transportée par avion car il manquait 50c pour bénéficier de ce service.

Je vous laisse trouver le vilain petit canard parmi les 4 émissions présentes!



samedi 7 novembre 2020

NONO OR NOT NONO?

 En février 1926, l'affranchissement d'une lettre simple coûtait 30c.

Le service de la poste restante revenait à 20c pour une telle lettre.

Habituellement, la taxe était matérialisée en timbres-taxe au bureau d'arrivée, lorsque le destinataire payait pour retirer son courrier; parfois, des timbres-poste étaient utilisés en lieu et place des timbres-taxe.

Mais ce service pouvait aussi être payé au départ par l'expéditeur de la lettre; l'affranchissement prenait alors en compte l'ensemble (50c à cette date):



Mais alors, qu'en est-il de la lettre ci-dessus?

La paire de 10c SEMEUSE a-t-elle été apposée à Cannes à la place de timbres-taxe, ou au départ à Strasbourg?

Impossible à dire a priori... sauf que l'on a la chance que cette lettre ait fait partie d'une archive!
On sait ainsi que l'expéditeur prépayait systématiquement le service de la poste restante pour éviter à son représentant d'en assumer le coût, comme le montrent par exemple ces deux lettres du même mois:



Notre paire de 10c est donc selon toute apparence un "nono*", c'est-à-dire un "non oblitéré" au départ, annulé au crayon en cours de route.

* Lire l'article de Laurent Bonnefoy dans le dernier numéro des Feuilles Marcophiles 
     (FM 382)



mercredi 4 novembre 2020

Problème de GPS pour touristes en Corse!

 Il semble que l'opérateur postal privé italien GLOBEPOSTALSERVICE se soit implanté dans les lieux touristiques de Corse.

Les commentaires que l'on trouve sur le Net ne sont pas élogieux:

cartes postees a porticcio en corse le 14 aout 2019 JAMAIS ARRIVEES A CE JOUR HONTEUX


Le pire service et le plus cher. Cartes déposées il y a 3 semaines à Propriano en Corse à destination de France métropolitaine. Les destinataires n ont toujours rien reçu... 1€40 fois 4 cartes Payés pour rien et notre famille croit qu on ne lui a pas écrit du coup. On ne se fera pas avoir une autre fois.


De passage en Corse j’ai acheté des cartes postales et demandé les timbres qui vont avec…et ils m’ont vendus des timbres gps ..que je ne connaissais pas et aussi bcp plus chers.😡…je suis rentrée depuis 15 jours et les cartes postales sont toujours dans la nature…et impossible de voir où elles sont malgré le suivi…les cartes envoyées avec des timbres normaux de la poste sont arrivées 2jours après l’envoi… «  »Arnaque » »


J ai teste les timbres GPS . Achat en corse.. une semaine après mon retour sur paris. Tjrs pas reçu les cartes.


Je n'ai pas de détails sur les points de vente et le fonctionnement précis du service, mais les usagers dont le courrier arrive à destination semblent être chanceux!

En voici un exemple trouvé récemment:


L'expéditeur a utilisé un timbre GPS pour affranchir sa carte postale. D'ailleurs le timbre en reprend le visuel (plage de Palombaggia):


Le timbre lui coûte 1,50 euro.
Il a de la chance car, contrairement aux "victimes" dont les commentaires sont présentés plus haut, sa carte n'est pas passée à la trappe! Via le système du repostage, la carte s'est retrouvée dans une Plate-forme de Préparation et de Distribution du Courrier (PPDC) de Marseille, où elle a été affranchie, le 22 août 2019, à 0,86 euro (tarif ECOPLI) dans le cadre du service AFFRANCHIGO* proposé par La Poste à ses clients selon différents types de contrats (réguliers, contrats liberté, clients du Réseau).

L'empreinte est celle des nouvelles machines PITNEY BOWES dont le déploiement a commencé début 2019.

* Pour en savoir plus, lire l'article "AFFRANCHIGO: ça bouge dans les marques à La Poste", Laurent Faivre, Feuilles Marcophiles N°379.


Voici comment se présentait le timbre avant son utilisation:



Un grand merci à Laurent Bonnefoy pour tous ses renseignements!

mercredi 16 septembre 2020

Tout est dans le détail!

 Voici un entier postal qui, à la base (pour parler jeune), n'est pas parmi les plus courants:


Bande pour journal 5c orange au type Semeuse camée

(servie à Perpignan en janvier 1922, à destination de Lamalou les Bains)


Mais cette pièce est plus intéressante encore grâce à un petit détail qui se cache au dos:


Vous l'avez vu?


Il s'agit d'une marque de contrôle imprimée sur le bord de feuille, qui devait disparaître au moment de la coupe mais qui peut subsister quand celle-ci est défectueuse. 
Quand au nombre 138, il s'agit de la date d'impression: 1921, 38ème semaine.

L'intérêt réside dans le fait que la lettre J n'a jamais été signalée!

De plus, sa position couchée est très atypique. 

Ces lettres (ou chiffres) sont normalement positionnées dans le même sens que la figurine:


ou parfois à l'envers:



Merci Laurent ;-)


dimanche 30 août 2020

Du superfétatoire à l'insuffisant, il y a peu!

 Voici une pièce amusante car elle montre qu'un petit changement peut avoir des conséquences sensibles:



En juillet 1940, Jeannot écrit à Lyon pour donner des nouvelles.

Il pense vraisemblablement écrire:

"Bien des baisers de Craponne" + date et signature

pour ce texte de cinq mots, un affranchissement de 40c est requis... mais l'expéditeur colle généreusement un 50c type PAIX qu'il avait sous la main!

Mais, avant ou après avoir affranchi, le texte change et devient:

"Bien des baisers de votre petit Jeannot" + date

Cela ne change pas grand chose dans le fond, sauf pour la Poste car, alors, l'affranchissement superfétatoire devient insuffisant: il fallait désormais affranchir à 80c, d'où une taxe à l'arrivée de 60c soit le double de l'insuffisance.

Il est souvent amusant de faire le lien entre le texte et la taxe!

Je l'avais fait ici pour cette autre carte:



lundi 24 août 2020

Quand le train doublait l'avion.

 Voici un sympathique exemple de 75c Semeuse lignée seul sur document:


Carte postale par avion d'Ajaccio pour Paris, 19 novembre 1931*.

- 40c pour la carte postale ordinaire (tarif du 09/08/26)

- 35c de surtaxe aérienne (décret du 08/08/28)

Mais cette pièce a un intérêt supplémentaire:

Elle a bien été transportée par hydravion d'Ajaccio à Marignane mais le parcours a ensuite été terrestre (ferroviaire) jusqu'à Paris comme l'atteste la grande croix apposée à Marseille (un peu décalée car elle aurait dû annuler la mention PAR AVION sur l'étiquette.)

Pourquoi ce choix, alors que l'affranchissement était suffisant pour un transport aérien jusqu'à destination?

La poursuite du transport par avion n'aurait pu se faire que le lendemain car les avions ne volaient alors que de jour, avec une arrivée au Bourget en début d'après-midi. Or le transport par train de nuit (PLM) permet un gain de temps important, avec une arrivée tôt le matin. 

Ceci est en conformité avec les directives de l'époque:


(Bulletin Mensuel des Postes N°5 de 1928, page 162)


* L'heure de levée n'est pas lisible, mais logiquement trop tardive pour un départ le jour du dépôt puisque la carte a été transportée par hydravion le lendemain (Le CAMS 53, parti de Tunis à 8:00, arrivait à Ajaccio à 12:00 pour en repartir à 12:30).

Un grand merci à Doudad!

vendredi 21 août 2020

Trois records non validés!

 Voici une pièce impressionnante puisque cumulant pas moins de 3 records... impossibles!


15 JUIN 1900

Premier jour de la série du type BLANC (4 décembre 1900)

Première date du timbre à date simple cercle (juin 1904)

Première date d'un timbre à date de central d'arrondissement (1/10/1901)*


Je pense que cette pièce entre dans le cadre des pseudo-cachets** pour cartophiles et qu'elle doit bien être du début du siècle... mais après 1904!


* Avec cependant un vrai record (11/09/1901) que je vous ai présenté ici:

http://marcorse.blogspot.com/2019/01/anticipation.html


** Voir ici:

http://marcorse.blogspot.com/search/label/Pseudo-cachets

lundi 27 juillet 2020

Pseudo-cachet postal en Corse.

J'ai un petit faible pour ces imitations de cachets postaux.
C'est une pratique qui n'a pas dû être autorisée longtemps, surtout en France métropolitaine.
Je les ai présentés ici:

http://marcorse.blogspot.com/2020/04/pseudo-cachets-dediteurs-de-cartes.html

http://marcorse.blogspot.com/2020/07/pseudo-cachets-dediteurs-de-cartes.html

Je ne pensais pas en trouver provenant de Corse, jusqu'à tomber sur celui-ci:





AJACCIO, 30 mars 1910

Reste à savoir qui a eu recours à cette pratique dans l'île!

Je possède ce pseudo-cachet sur une carte de l'éditeur Antoine Guittard:



Celui-ci quitta justement Ajaccio et la Corse en 1910 après s'être séparé de sa femme. Il pourrait donc avoir eu cette idée peu de temps avant de partir, voire même pour écouler son stock sur le continent?

Mais je possède une autre carte avec la même oblitération, mais de Joseph Moretti:



Cette carte me pose un double problème:

D'après ma documentation, Moretti a bien commencé sa carrière à Corte, mais il se serait ensuite installé à Bastia en 1902. Or les cartes à recto divisé ne sont apparues qu'en 1904! Mais ma source pour l'installation à Bastia ne colle pas avec les cartes vues sur les sites de vente: les cartes de 1910-1911 portent encore l'indication Moretti, Corte et les premières que j'ai trouvées avec Moretti, Bastia sont de 1912. Il n'y a donc pas d'incohérence.

Par contre, le même "cachet" pour deux célèbres éditeurs, cela fait beaucoup. À moins qu'une tierce personne n'en soit l'auteur, comme un libraire ajaccien qui aurait agrémenté les cartes qu'il revendait?



dimanche 12 juillet 2020

Pseudo-cachets d'éditeurs de cartes postales... la Tunisie aussi!

J'ai déjà parlé de ces imitations de timbres à date postaux que les éditeurs de cartes postales apposaient sur de petites valeurs pour répondre à une demande des cartophiles du début du XXe siècle:

http://marcorse.blogspot.com/2020/04/pseudo-cachets-dediteurs-de-cartes.html

En voici un exemple sur cartes de TUNISIE:




vendredi 19 juin 2020

Machine DAGUIN à l'EXPOSITION PHILATELIQUE INTERNATIONALE DE PARIS en 1925

Du 2 au 12 mai 1925, l'exposition philatélique internationale de Paris a eu droit à un timbre à date temporaire. C'est bien normal.




Mais saviez-vous que l'oblitération des plis présentés au bureau temporaire a été apposée, au moins pour un certain nombre d'entre eux, par une machine DAGUIN?



Comme le timbre à date était monté "en solo" et que le préposé était visiblement très méticuleux, on ne trouve pas facilement de trace de foulage, seul élément attestant l'usage de la machine.

J'ai pourtant trouvé celle-ci car, bien que très discrète, elle ne pouvait pas échapper à ma vigilance!



Bien sûr, un esprit par trop tatillon pourrait douter, alors j'ai encore cherché et j'ai trouvé cette triple frappe qui règle définitivement la question:





(Les deux images proviennent du site de vente Delcampe.)




jeudi 30 avril 2020

Pseudo-cachets d'éditeurs de cartes postales.

Au début du XXème siècle, âge d'or de la carte postale illustrée, une pratique s'est développée pour satisfaire les goûts des cartophiles de l'époque: les éditeurs vendaient des cartes "affranchies" côté vue avec un timbre-poste de petite valeur faciale, oblitéré au moyen d'un pseudo-cachet de leur fabrication, imitant les timbres à date de la poste. 

Cette mode existait surtout dans nos anciennes colonies.




La ressemblance avec les vrais timbres à date était parfois très poussée au point que l'identification n'est pas toujours certaine.



En France métropolitaine, cette pratique semble inexistante ou exceptionnelle.

En voici un premier exemple possible; mais il est si beau que je me demande si ce n'est pas une fabrication moderne?



Quant à celui-ci, j'hésite entre un pseudo-cachet et un cachet d'essai car on en connaît de très ressemblants pour d'autres bureaux...



J'ignore si cette pratique est ensuite simplement passée de mode ou si elle a fait l'objet d'une interdiction. 

jeudi 27 février 2020

Etiquette de bordereau 512 ter très (trop) tardive!

Voici un record qui montre que les philatélistes peuvent aller très loin dans la complaisance!


 (Pièce en vente sur Delcampe)

Etiquette utilisée 25 ans après la suppression des bordereaux!!!

Pour comparaison, voici un recommandé "normal" de l'exposition philatélique de Saumur (du 14 au 16 août 1943):


samedi 8 février 2020

Etiquettes de bordereau 512 ter ou quater sans numéro d'inscription au registre 510 ou 510 bis

On constate souvent que ce numéro manuscrit est omis:




Normalement, on doit avoir une double numérotation comme ici:



Mais les préposés de l'époque ont des circonstances atténuantes! 

En effet, il faut savoir qu'au départ, quand les étiquettes de bordereau n'existaient que pour les OPR, ce numéro d'inscription au registre n'était pas inscrit sur l'étiquette. 

Extrait de l'instruction n° 511 (BM 14 de 12/1899)


Cette règle a été en vigueur une dizaine d'années, de quoi prendre des habitudes!

Extrait de l'instruction n° 648 (BM 12 de 12/1909)