jeudi 29 août 2024

Courrier de PONTARLIER pour PARIS en septembre 1944.

 Si dans toute la zone Sud de la France, administrée par Alger, le courrier a recommencé à circuler rapidement à la fin de l'été 44, la reprise du service postal a été beaucoup plus compliquée dans la zone Nord qui devait obéir aux décisions du Commandement Suprême des Armées Alliées.

Concernant la capitale, voici un article paru dans le quotidien "Ce Soir" le 29 août 1944:


Beaucoup de journaux de l'époque étant consultables en ligne sur Gallica, ils constituent une source pratique pour suivre l'évolution de la reprise. Quelques exemples:


L'Humanité, 7 septembre 1944




Les Informations Havraises, 20 septembre 1944



L'Humanité, 21 septembre 1944

Début octobre, la situation militaire permet la circulation des cartes postales non illustrées et non recommandées, à caractère personnel ou familial entre les départements français... sauf pour une quinzaine d'entre eux!
À partir du 25 octobre 1944, les lettres jusqu' 100g sont aussi admises:


Bulletin municipal de la Ville de Paris, 24 octobre 1944

Concernant le DOUBS, on voit qu'il fait partie de ces départements exclus de la reprise.
En effet, si la ville de Pontarlier, par exemple, a été libérée le 5 septembre, et Besançon le 7, il faudra attendre la fin novembre pour que l'ensemble du département soit libre!
Les cartes postales non illustrées pour ce département ne seront officiellement autorisées qu'à partir du 10 décembre
La presse donnera l'information quelques jours plus tard:


La Lozère libre, 17 décembre 1944

Pour les lettres, il faudra attendre Noël!


L'Humanité, 24 décembre 1944


Tout ce rappel de la situation pour mieux apprécier ma dernière trouvaille:


Une carte postale partie de PONTARLIER le 26 septembre 1944!
Comme la carte est recommandée, on sait qu'elle est bien arrivée à Paris 14 jours plus tard, le 10 octobre (timbre à date de Paris-108).

Encore mieux: comme le destinataire n'a pas réclamé l'objet après avoir été avisé trois fois, la carte est retournée à Pontarlier où l'on sait qu'elle est arrivée le 2 novembre (timbre à date de l'ancien modèle de 1884):


On remarquera, qui plus est, qu'il s'agit d'une correspondance à caractère commercial*.

On a donc là une pièce dont on est sûr qu'elle a bien circulé, et même dans les deux sens, bien avant que ce ne soit officiellement possible pour le Doubs.
Les consignes du SHAEF** n'étaient peut-être pas encore arrivées dans la partie récemment libérée de ce département; d'autre part, la volonté des postiers de relancer le service devait être grande! 
Le plus étonnant est sans doute que la carte ait pu repartir de Paris où les consignes étaient bien connues.

  * Extrait d'un entretien du 20 septembre1944 entre le Colonel Rutherford du SHAEF et M. Faucon de la Direction Générale des Postes: "Nous n'acceptons que les correspondances ayant un caractère personnel et familial. Par contre, toutes les correspondances d'ordre commercial sont exclues."

** Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force.

dimanche 25 août 2024

Service postal: cafouillages à la Libération.

 La reprise du service postal en France après la Libération est un sujet passionnant! Suivant la zone mais aussi le département, voire à l'intérieur même d'un département, les dates et les conditions de reprise du service sont très différentes. D'autant que des décisions contradictoires ont pu être prises, bien pardonnables en ces temps difficiles.

À titre d'illustration, voici un article intéressant paru dans L'Echo du Maroc, le 13 octobre 1944, qui donne quelques explications au public:



dimanche 18 août 2024

Reprise du service postal entre la Corse et l'Algérie en 1943.

 Le 8 septembre 1943, la Corse est libérée (presque totalement).

Les relations postales avec le continent sont de ce fait suspendues.



Par contre, elles vont très vite reprendre avec l'Algérie:


Le Petit Marocain du 29 septembre 1943.


Cette lettre du 18 septembre 1943, de CAURO pour le MAROC est donc très précoce! Elle a peut-être dû attendre quelques jours avant de quitter la Corse:




Pour le rétablissement des liaisons aériennes, il faudra attendre le 8 octobre 1943 (voir: ici).




vendredi 2 août 2024

Quand les Corses se tenaient informés...

 J'ai déjà indiqué la date de la suppression de la surtaxe aérienne pour le courrier entre la Corse et le Continent:  16 octobre 1941.

 Cette information m'avait été très gentiment communiquée par Laurent B. qui avait déniché cette note de service:


Je viens de tomber, dans La Dépêche Corse du 18 octobre 1941, sur la lettre que le Corse MORONI, Directeur du Cabinet du Ministre des Communications, a envoyée à son compatriote, le Comte PERALDI, Président de l'ESSITAC (Syndicat d'Initiative d'Ajaccio):



Lettre partie d'Ajaccio pour Clermont-Ferrand, par avion, le 20 novembre 1941.
Tarif du 1er décembre 1939: lettre de moins de 20g = 1F; pas de surtaxe.




lundi 8 juillet 2024

Réouverture de la ligne aérienne MARSEILLE-AJACCIO en septembre 1940

 Je cherchais depuis longtemps à savoir quand la liaison postale par avion avait repris entre Corse et continent après l'interruption ayant suivi l'Armistice. J'avais bien la date d'un vol d'essai le 28 août (par Givon) mais rien d'autre.

Je viens de trouver cette information dans L'Indépendant des Basses-Pyrénées du 12 septembre 1940:


Une semaine donc avant cette jolie carte:




dimanche 7 juillet 2024

Lettre recommandée par avion du 10 juillet 1940, de AIN-DRAHAM pour GENÈVE.

 La lettre présentée ci-après est moins anodine qu'il n'y paraît à première vue, tout simplement parce qu'elle date de juillet 1940, une période loin d'être évidente, à bien des égards.

L'armistice franco-allemand est signé le 22 juin 1940

Pour ce qui est des relations postales avec l'Afrique du Nord, les services aériens s'arrêtent le 25 juin pour ne reprendre que le 21 août avec la réouverture de la ligne via Alger:


Le Radical de Marseille du 21 août 1940.



Mais la voie maritime sera aussi à l'arrêt jusqu'à la mi-juillet!

En effet, si on lit le communiqué de Vichy du 16 juillet dans La Dépêche de Toulouse, les relations postales continuent à être assurées par la voie maritime au fur et à mesure des départs des paquebots:


Mais L'Œuvre du 19 juillet est plus explicite: 


L'interruption du trafic a donc été totale entre l'Armistice et la mi-juillet!


Cela incite à regarder avec plus d'intérêt cette lettre:


Lettre recommandée, PAR AVION, de AIN-DRAHAM 
pour GENÈVE, du 10 juillet 1940.

L'affranchissement se décompose ainsi: 

- Lettre pour l'étranger: 2F50

- Recommandation pour l'étranger: 2F50

- Surtaxe avion pour 10g par la ligne directe: 1F

Ce que je trouve étonnant, c'est que le préposé qui a enregistré la lettre, puisqu'elle est recommandée, n'a pas informé l'expéditeur que la surtaxe avion n'avait pas lieu d'être. Plus surprenant encore, il semble que les inscriptions à l'encre violette soient de sa main:

"Par avion jusqu'à Marseille" et "Suisse".


Le Patriote des Pyrénées du 18 juillet 1940 confirme que 

les correspondances par avion ne sont pas admises pour le moment.


Toujours est-il que notre lettre est bien arrivée à destination le 19 juillet:


soit le lendemain de la reprise des relations postales entre la France et la Suisse!


Le Temps (Paris), du 20 juillet 1940.

Plus exactement, comme l'explique cette note adressée à la Direction de l'Exploitation postale à Vichy et émanant  de la Section des communications postales de BerneMarseille gare (pour ce qui concerne notre lettre) pouvait confectionner des dépêches pour Genève 1 à partir du 17 juillet mais, dans l'autre sens, le service fonctionnait depuis une dizaine de jours déjà:



                                                                        (Archives de Berne)

En conclusion, l'arrivée à destination pour cette lettre n'était pas gagnée d'avance mais elle a finalement pu bénéficier du rétablissement des liaisons maritime et ferroviaire pour l'acheminer de Tunisie jusqu'en Suisse. Par contre, elle n'a très vraisemblablement  pas pris l'avion!

Un grand merci à Laurent B. 😁

jeudi 27 juin 2024

Loi du 22 mars 1924... un peu de patience!

 Très souvent, les tarifs postaux dans les colonies sont alignés sur ceux au départ de la Métropole mais on rencontre parfois des pièces qui ne respectent apparemment pas ce principe.

En voici un exemple:



Carte postale illustrée "dont la moitié du recto est réservée à la correspondance, l'autre moitié à l'adresse, et dont le verso est occupé par une illustration ou gravure à l'exclusion de toute annotation manuscrite", 

écrite le 23 mars 1924 et postée à TAMATAVE le 3 avril 1924, à destination de Puteaux.


Dans le sens inverse, une telle pièce aurait dû être affranchie à 15c depuis le 24 mars. On pourrait donc s'étonner et penser que cette carte aurait dû être taxée!

Que nenni! Et l'explication est fort simple:



L'arrêté promulguant la loi du 22 mars 1924 dans la colonie de Madagascar et Dépendances date seulement du 12 mai et il n'a été inséré dans le Journal Officiel de la Colonie que le 17 mai.

Ces retards d'application étaient fréquents et imposent la prudence dans la comparaison avec les tarifs bien connus des collectionneurs... au départ de la Métropole.



lundi 17 juin 2024

Surtaxe aérienne réduite pour Noël et le Nouvel An (suite)

 Dans mon précédent article, je montrais une carte postale illustrée de Madagascar avec cette surtaxe plutôt connue sur cartes spéciales éditées par Air France:

Blog-philatélie et marcophilie: Surtaxe aérienne réduite sur carte de vœux, (Madagascar, décembre 1937) (marcorse.blogspot.com)

Je terminais mon propos en évoquant la possibilité que quelqu'un trouve un jour une enveloppe ouverte au tarif des cartes de visite avec cette même surtaxe.

Dites-moi pas qu'c'est pas vrai... en quelques clics sur D*, je dénichais ceci:



Enveloppe ouverte au format carte de visite, par avion, du 23/12/1937, de PHUC-YEN pour Contrexéville.

L'affranchissement se décompose ainsi:
- carte de visite avec cinq mots de politesse: 3 cents
- surtaxe aérienne réduite (1/5ème de 30 cents): 6 cents.

Contrairement à celles circulant dans l'autre sens* (France > Indochine), les cartes de visite ne sont pas cette année-là au même tarif que les cartes postales:


Extrait du projet de budget général pour l'année 1937.




 


  Les journaux de l'époque précisent souvent que les cartes spécialement éditées par AIR FRANCE sont distribuées gratuitement dans les bureaux de poste

L'information d'Indochine du10 décembre 1938

Comme elles sont aussi plus reconnaissables pour les philatélistes, on comprend bien pourquoi  elles se trouvent beaucoup plus facilement!

Vous m'accorderez que celle-ci est plus discrète:



Hanoi-RP / Tonkin, 24 décembre 1937, pour Bordeaux,
affranchie à 8 cents: 2 cents (CP5) + 6 cents (surtaxe avion réduite).


* Les CP5 et les CV5 sont à 40c (tarif du 12 juillet 1937), soit 90c avec la surtaxe réduite.

dimanche 9 juin 2024

Surtaxe aérienne réduite sur carte de vœux, (Madagascar, décembre 1937)

 Reprenant une idée de 1928 de la Compagnie Générale Aéropostale (cartes de propagande avec surtaxe aérienne réduite pour les fêtes de fin d'année, au départ d'Amérique du Sud), et sans doute pour rivaliser avec le Reich qui décide  d'appliquer cette idée dans le sens Allemagne > Amérique du Sud, la France publie fin 1936 le décret suivant:

Extrait du BO PTT n°36 d 21 décembre 1936.

Concrètement, il permet l'envoi de vœux, sur une période bien définie, avec une surtaxe avion réduite de 80%, afin de promouvoir la voie aérienne.

Les journaux de l'époque relaient l'information:


Extrait du Sisteron-Journal du 26 décembre 1936.*


Pour ce faire, AIR FRANCE édite des cartes postales spécifiques.

Pour la fin d'année 1937, un décret du 9 décembre, paru au BO PTT n°1 du 1er janvier 1938, reprend les termes du décret de 1936.

Voici la carte AIR FRANCE pour cette année-là:





Ces cartes sont bien connues et recherchées par les collectionneurs.
À tel point qu'on en oublierait presque que toutes les cartes postales illustrées étaient admises!

À titre d'exemple, l'Office postal de Madagascar rend compte du succès auprès du public en informant que le poids du courrier transporté par voie aérienne en décembre 1937 est de 473 kg contre 320 en novembre. 

Cette information, dénichée par Bertrand Sinais et Robert Abensur** dans L'aviation postale à Madagascar, bulletin d'information, de documentation et de statistique, n°7-8, 1939, montre bien que l'usage ne s'est pas limité aux cartes AIR FRANCE! 
Les journaux de la Grande Ile ont bien sûr averti les usagers:


Extrait de La Tribune de Madagascar et dépendances du 7 décembre 1937.


Eh bien, le hasard a voulu que ce soit justement une carte de Madagascar de décembre 1937 que j'ai eu la chance de trouver:



Carte postale illustrée avec moins de 5 mots de correspondance, de Tananarive pour Vernon, oblitération du 21 décembre 1937 sur 90c rouge émis le 15 avril pour l'Exposition internationale de Paris, avec mention manuscrite PAR AVION.

Le tarif se décompose ainsi:
- 30c pour la carte de moins de cinq mots
- 60c de surtaxe aérienne réduite ( 1/5ème de 3F).


Il ne reste plus qu' à en trouver d'autres, et pourquoi pas sous enveloppe ouverte!



                                                      Merci à J-F. et Bruno!👍



* Une coquille: "surtaxe 30c" pour Madagascar, alors qu'elle était alors de 80c (1/5ème de 4F).

   À Madagascar, la presse locale ne se trompe pas:



** Documents Philatéliques n°201, 3ème trimestre 2009.