Service postal aérien CONTINENT - CORSE: le vol d'essai NICE - CALVI du 16 septembre 1918

 Voici une pièce plus intéressante qu'il n'y paraît à première vue*:

 Il faut dire que la carte postale est très banale...

Mais si on regarde le "verso" (des cartophiles), c'est-à-dire le recto pour l'Administration des Postes, ce n'est plus la même histoire!

Cette carte est expédiée "par poste aérienne" de NICE à CALVI, le 15 septembre 1918!

Il s'agit d'un essai de liaison postale aérienne entre le Continent et la Corse qui sera un échec ce jour-là car l'avion devra amerrir et être remorqué vers Nice. Un nouveau départ le lendemain sera par contre une réussite (cachet d'arrivée à Calvi).

 

De nombreux articles de presse relatent l'événement.

Extrait du "PARIS-MIDI" du 17/09/1918.

 

 

 

Cet extrait d'un article écrit le 14 septembre par l'envoyé spécial du "PETIT PARISIEN", fait état de "200 kilogrammes de lettres"! Maurice Boule, dans son "Histoire postale de la Corse", écrit quant à lui qu' "une cinquantaine de plis (lettres et cartes postales) auraient été acheminés." 

Ça fait une sacrée différence! 

Ces deux renseignements se trouvent dès 1926 dans le N°7 de l' Aviette postale (15 juin 1926): 

Ce qui est sûr, c'est que ces pièces sont très rares: Muller donnait déjà une cote de 30000 F en 1950 pour le vol aller et 35000 F pour le vol retour, ce qui est considérable. 

Voici une carte qui s'est vendue 400 euros en 2017:

En 1994, dans son ouvrage "100 ans de poste aérienne en France", Pierre Saulgrain indique:

"15 septembre: essai postal effectué par hydravions BOREL B.05 piloté par le Lt. DEVALUEZ et B.06 par MOTTEZ. Lors de la traversée, l'hydravion B.05 eut des ennuis et c'est le B.06 qui termina le trajet." (Plis du vol, avec oblitération de Nice du 15 et de Calvi du 16: 10000 F)

 "16 septembre: Nice-Calvi-Nice, premier essai aller-retour. Hydravion BOREL B.06 piloté par le Lt. DEVALUEZ et GUILLAUD; accompagnateur, l'hydravion DONNET-DENHAUT H.16 piloté par GARBERO." (Courrier ?)

 Ceci est en contradiction avec tous les journaux de l'époque qui disent que, le 15, aucun avion n'a atteint la Corse. 

Pour en savoir plus, notamment sur la difficulté à choisir entre NICE et ANTIBES comme site de départ, je vous conseille de lire cet extrait du "Service postal aérien France-Corse" par le capitaine de frégate de Carné, dans "L'organisation de l'Aéronautique maritime: travaux du service historique de l'Etat-Major Général de la Marine" N°99 fascicule 2:

 

 Ce document confirme que:

L'inauguration du service a lieu le 16 septembre. Malgré des difficultés de matériel, le transport du courrier de Nice à Calvi et retour a pu être effectué le même jour."

  

 

Pour en revenir à notre carte, elle a donc dû partir de Nice et y revenir pour cause d'avarie le 15 septembre. Elle est repartie le lendemain de Nice à 9:00 pour enfin arriver à Calvi à 11:30. Elle est adressée à l'Ingénieur principal de la Marine DUMANOIS.  

Emile Paul Dumanois était ingénieur principal du génie maritime depuis le 1er mai 1916, affecté au 1er janvier 1918, à Paris, au Service Technique et Industriel de l'Aviation de la Direction Générale de la Guerre Sous-marine. 

La carte aurait dû être gardée au bureau de Calvi puisqu'elle est adressée poste restante. Mais comme elle est malgré tout philatélique, elle fera l'objet d'un retour à l'envoyeur par le vol retour comme l'atteste le timbre à date de NICE du 16/09 à 20:00! Il n'y a pas lieu de s'en plaindre: la pièce est d'autant plus exceptionnelle. *

Pour finir, une illustration montrant le Lt. Devaluez avant le départ du 15:

 

 Elle était en vente depuis 2018 sur Delcampe, au prix fixe de 1,80 euro, sans que personne ne s'y intéresse...

Commissions de Contrôle Télégraphique (CCT)

 On connaît bien les marques des Commissions de Contrôle Postal (CCP) de la guerre de 14-18...

Leurs homologues des Commissions de Contrôle Télégraphique (CCT) sont sans doute plus difficiles à trouver. Ce qui est certain, c'est qu'elles n'ont rien à faire sur du courrier postal... sauf lorsqu'elles servent à justifier du droit à la franchise militaire d'un employé de ladite commission!

En voici deux exemples:

 

CCT de NICE

1918 - carte expédiée par un interprète militaire

 

CCT d'ORAN 

1916 - "Je suis depuis Pâques mobilisé à la commission de 

contrôle de la télégraphie privée..."

 

La carte montre le bureau de poste d'Oran qui abrite 

certainement la commission.
 

Mansuétude angoumoisine

 Un affranchissement excessif (3F au lieu de 2F50) mais en même temps totalement insuffisant (valeur = 0) et qui sera pourtant finalement considéré comme bon, voilà ce que je vais vous montrer.

En Algérie française, de 1924 à 1958, les timbres-poste de France métropolitaine ne sont pas valables pour l'affranchissement du courrier.

Si un expéditeur distrait en utilise un, voici ce que ça donne normalement:

 

Le timbre-poste n'est pas oblitéré; le timbre à date est apposé à côté. La taxe est demandée (timbre T) et est perçue à l'arrivée (au double de l'affranchissement manquant).

Mais voici une carte originale:

Le timbre au type Marianne de GANDON n'est pas valable pour affranchir la carte expédiée d'ORAN par un drôle (?) de zouave, en mai 1946. Le timbre n'est pas oblitéré et la nécessité de percevoir une taxe est normalement signalée par le timbre T.

L'originalité réside dans le traitement réservé à la carte à l'arrivée à Angoulême:

le timbre T est annulé et le timbre-poste est oblitéré; aucune taxe n'est matérialisée!

Cette curieuse pratique est bien sûr non réglementaire et reste donc anecdotique.

Une tradition qui perdure malgré une efficacité toute relative.

 En janvier, comme chaque année, nous avons présenté nos vœux de bonheur les plus sincères à nos proches... malgré la crise sanitaire!

Cette tradition est très ancienne; elle remonte au Moyen-Âge, voire à l'Antiquité.

L'âge d'or de la carte postale illustrée, au début du XXème siècle, a permis un essor spectaculaire des vœux épistolaires:

"Meilleurs souhaits de bonne année"... 

avec une jolie oblitération du facteur-receveur de SENNECE-LES-MACON, en date du  1er janvier 1914 !

On sait, a posteriori, que l'année n'a pas été très bonne, de même que les suivantes.

Mais cette vieille tradition permet de maintenir des liens avec nos proches et c'est d'autant plus important que l'époque est plutôt propice à l'isolement.  

Bureau télégraphique du pénitencier agricole de Castelluccio (Corse)

 Voici une carte postale avec un timbre à date apposé par pure complaisance:

On ne peut même pas parler d'oblitération puisque la marque n'est pas sur un timbre-poste.

CASTELLUCCIO / CORSE... 

Ne cherchez pas où pouvait bien se situer ce bureau de poste car il n'a jamais existé!

Il s'agit en réalité du timbre à date d'un bureau télégraphique*, en l'occurrence de celui d'un pénitencier agricole près d'Ajaccio (emplacement de l'actuel centre hospitalier), longtemps pénitencier pour enfants, qui a fermé en janvier 1907.

* ce que confirme la lettre T en lieu et place de l'indication de levée dans le bloc-dateur.

JEANNE D'ARC à Ajaccio

 

 Le croiseur école Jeanne d'Arc commence ses croisières d'application en 1931.

Celles-ci cesseront bien sûr pendant la guerre, pour reprendre dès 1946, jusqu'au retrait du service en 1964.

 

Pour sa première croisière d'après-guerre, la "Jeanne" quittera Toulon le 20 septembre 1946.

La première escale se fera à AJACCIO et durera 4 jours, avant l'appareillage pour Corfou...

voici une carte postale avec une jolie oblitération de l'agence postale embarquée, datée du 23 septembre 1946:

 

Parmi ses 26 campagnes d'application, ce croiseur école ne fera escale en Corse qu'à 3 autres occasions:

- du 17 au 19 avril 1932

- du 14 au 28 mai 1962

- du 11 au 28 mai 1963