jeudi 16 février 2012

Capture du Tsar Nicolas II par des marins français!

L'Allemagne déclare la guerre à la France le 3 août 1914. Le lendemain, le pétrolier allemand Czar Nicolaï II est arraisonné par les marins du torpilleur 330 de la Marine Nationale française, et ramené à Malte le 5 août. Il est incorporé dans notre marine.

Il sera rebaptisé Var en 1921.

Le voici vers 1925, à Toulon:


 Et voici le Torpilleur 330:




Et pour parler un peu d'histoire postale, voici une carte écrite par un matelot français affecté sur le navire devenu pétrolier de l'Etat:



La carte postale de Malte est sans aucun doute partie de Méditerranée.
Cachet administratif "Marine Française  / Service à la mer" justifiant le droit à la franchise.
Pas de timbrage au départ
(Il peut s'agir d'un simple oubli, d'une volonté de garder le secret quant à la localisation du navire,
 ou encore d'un mode de transport particulier du courrier)
Timbre à date PARIS-RP / ETRANGER daté du 2? septembre 1914.



Désolé pour tous ceux qui, à la lecture du titre de mon message, s'attendaient à un scoop sur l'histoire de la Russie...

mercredi 8 février 2012

1914, MISSION D: mission navale française en Serbie.

"Nous serons en Autriche avant de voir ici les cerises mûrir."
                                                                                                                                        (Edouard Etienne PICOT)


En 1914, la Serbie résiste aux attaques autrichiennes avec un effectif six fois inférieur...

La France enverra plusieurs missions pour aider son alliée.
La première, la MISSION D, est constituée d'une batterie de trois pièces de marine de 140 mm, avec personnel et matériel, sous les ordres du lieutenant de vaisseau Edouard Etienne PICOT.

La mission (4 officiers, 3 aspirants, 94 marins) quitte Toulon le 20 octobre 1914 sur le vapeur FLANDRE, à destination de Salonique où les matériels sont débarqués puis acheminés par voie ferrée vers la Serbie. Elle arrive à Racovitza, près de Belgrade, le 5 novembre 1914.

 La mission D est de retour à Salonique le 16 novembre 1915,

Voici une carte postale expédiée par un des hommes de la mission:


Carte écrite le 6 décembre 1914 à Nich, la deuxième ville du pays, où s'était replié le gouvernement serbe. Cachet administratif justifiant le droit à la franchise militaire, du type "ancre de marine", spécifique à la MISSION D. Contreseing du Ministère des Affaires Etrangères et timbre à date de PARIS-44 daté du 1er janvier 1915: la carte est arrivée en France par VALISE DIPLOMATIQUE.

"L'artillerie lourde française traversant Monastir, le 20 novembre, avant d'aller occuper ses nouvelles positions."
(Revue "L'illustration" n°3769 du 29 mai 1915)

Voici un extrait de "L'aide française en Serbie", article de R. Vaucher pour la revue "L'Illustration" du 29 mai 1915:

Au moment où l'ordre d'évacuer Belgrade fut donné (c'était le 1er décembre), le commandant Picot ordonna à ses hommes d'arroser de projectiles les hauteurs dominant Semlin, où les Autrichiens s'étaient fortifiés. Avec deux pièces, ils réussirent à les retenir pendant quarante-huit heures sur l'autre rive de la Save. Une fois que les dernières munitions furent tirées, les servants, en bon ordre, embarquèrent leurs projectiles et leurs réserves de munitions pour Nisch. Les appareils de visée, les culasses et les consoles des deux pièces, qu'il fallait malheureusement abandonner, furent emportées également. On rendait ainsi les deux canons inutilisables pour les Autrichiens, et l'on courait la chance de retrouver les canons en bon état en cas d'offensive rapide. Il s'en est fallu de peu, en effet, que le 15 décembre, soit treize jours après l'évacuation de Belgrade, nos artilleurs ne retrouvassent leurs pièces dans l'état où elles étaient à leur départ. Une patrouille d'avant-garde de cavalerie serbe fit prisonniers les officiers de génie autrichiens chargés de les faire sauter. Us venaient d'achever leur tâche. Si la patrouille était arrivée une heure plus tôt, les canons français auraient pu bombarder les Austro- Hongrois repassant le Danube pour fuir en Hongrie.

Je suis monté, ce matin, par des chemins aux ornières profondes, se faufilant entre les entonnoirs formés par les obus des 240 et des 305 autrichiens, jusqu'à la colline où se trouvent maintenant les artilleurs français. Dans une ravissante résidence d'été d'un riche Belgradois, cachée dans des arbres en fleurs, au milieu des pommiers et des cerisiers, nos officiers ont établi leur quartier général.
On cause gaiement. Avec une modestie charmante, le commandant Picot, qui est, actuellement, l'homme le plus populaire de Belgrade, m'assure que ses hommes et lui n'ont fait que leur devoir et que la chance les a favorisés. Depuis la reprise de la capitale par les troupes serbes, ils ont, en effet, tiré rarement, mais ce furent des coups de maître.

Les Autrichiens bombardant régulièrement les inoffensifs habitants de Belgrade, l'état-major serbe décida d'autoriser les Français à répondre et à tirer sur Semlin. C'était le soir du 17 février. Dans la grande salle de l'Hôtel de Ville de Semlin, un grand nombre d'officiers autrichiens fêtaient, par un banquet, la victoire sur les Russes en Prusse orientale. Les assistants étaient joyeux. On avait porté un toast à Hindenbourg et aux empereurs alliés, quand soudain un obus tomba en pleine salle de fête. Ce fut une émotion énorme qui se transforma en terreur lorsque, à dix secondes d'intervalle, trois autres obus éclatèrent dans l'édifice, tuant trente-sept officiers supérieurs, dont deux généraux.
Le lendemain un parlementaire arrivait à bord d'un monitor, sur lequel flottait le drapeau blanc, demander aux Serbes de cesser le bombardement de Semlin, assurant que, de leur côté, les Autrichiens ne tireraient plus sur Belgrade.
Les pièces françaises sont fort bien dissimulées, et des tranchées irréprochables permettent d'atteindre les batteries et les soutes à munitions. Des chambres boisées ont été installées à un mètre sous terre.
Dans celle de l'officier, à deux pas de la batterie, complètement invisible et protégée par des terrassements, je vois, avec étonnement, une petite bibliothèque contenant une vieille édition des œuvres de Voltaire.

Le docteur qui accompagne la mission a réussi à arrêter l'épidémie de typhus qui menaçait de faire des ravages parmi les hommes des batteries, et jusqu'à présent personne n'a succombé ni à la maladie, ni sous les nombreux obus ennemis
*.
« Nous serons en Autriche avant de voir ici les cerises mûrir », me disait le commandant Picot, en regardant les arbres chargés de fleurs. C'est aussi le désir de tous ses hommes qui ne demandent qu'à traverser la Save le plus tôt possible et à prouver aux Autrichiens ce que vaut la grosse artillerie française.



* : Cette phrase pose un problème, car j'ai trouvé sur le NET des informations qui la contredisent:

Le premier mort de la mission serait Jean-Marie CASTELLANI, quartier-maître armurier, né à Calacuccia en Corse: il est décédé le 26 janvier 1915, à 23 ans, à l'hôpital militaire de Belgrade, de la fièvre typhoïde!
 Félix ETIENNE, second maître mécanicien, est également décédé à l'hôpital militaire de Belgrade deux jours plus tard (affection des reins)...

Autre information demandant à être précisée: l'effectif de la mission!

Il y aurait eu au départ 4 officiers, 3 aspirants et 94 marins, soit un effectif de 101, et, à la fin de la mission, 8 officiers et 97 hommes, soit un effectif de 105... ce qui, à moins d'un renfort, peut surprendre!



SOURCES:

- La marine française à Belgrade en 1915, article de J. Bourguignat dans les Documents Philatéliques (N°198).
- Pages 14-18 Forum, cliquez ici .
- L'aide française en Serbie, article de R. Vaucher dans L'Illustration (N°3769), cliquez ici .
- Site de l'Ambassade de Serbie en France, cliquez ici .

dimanche 5 février 2012

1914-1918, courrier des soldats en permission.

Pour bénéficier de la franchise militaire, les soldats devaient confier leur courrier au vaguemestre de leur unité, ou, s'ils étaient en déplacement, à un commissaire de gare ou toute autre personne habilitée à justifier l'envoi en franchise...

Les militaires en permission ne pouvaient pas poster leur courrier dans une boîte puisque, dans ce cas, rien ne justifierait du droit à la franchise.
Ils le faisaient souvent néanmoins... Une griffe Trouvé à la boîte devait alors signaler le fait et l'envoi devait être taxé:


Parfois, il n'était pas perçu de taxe à l'arrivée, sans doute parce que la poste de destination connaissait l'expéditeur et savait qu'il était bien aux armées...




Par contre, les militaires en permission avaient la possibilité de se rendre dans n'importe quel bureau de poste pour déposer leur envoi au guichet en justifiant de leur statut de permissionnaire.

Le préposé prenant le courrier en compte devait alors porter une mention sur l'envoi afin que celui-ci ne soit pas taxé.
En voici deux exemples:

Carte remise au guichet à MENDE en Lozère, le 26 janvier 1918, par un sapeur du 8ème Génie en permission. Mention remis à MENDE + signature.



 
Carte remise au guichet à TUNIS, le 14 septembre 1917, par un soldat du 2ème d'aviation de Gabès.
Griffe linéaire Déposé au guichet.



Ainsi, lorsqu'on trouve, et c'est fréquent, un courrier sans mention postale et sans taxe, provenant pourtant d'un permissionnaire, comme celui-ci:
(Carte d'un soldat belge en permission à Dunkerque, en décembre 1918.)

2 possibilités: soit la carte a été mise à la boîte et aurait donc dû être taxée, soit elle a été remise au guichet sans qu'aucune mention ne l'ait précisé... et elle aurait, dans ce cas également, dû être taxée! Elle aura bénéficié d'une tolérance fréquente des postiers préférant laisser le bénéfice du doute à un expéditeur servant certainement la Nation...

Voici pour finir un cas beaucoup plus rare!


Nous sommes ici dans le cas inverse:
La carte a été déposée au guichet à Cherbourg; la griffe REMIS AU GUICHET l'atteste... et pourtant la carte a été taxée, à tort,  à Toulouse, comme CP ordinaire non affranchie!

vendredi 3 février 2012

de l'aviso VILLE D'YS...

J'ai acheté la lettre suivante pour 4 euros et elle ne vaut sans doute guère plus, vu son état...



Mon plaisir, en présence de telles pièces, consiste à les décortiquer, c'est-à-dire à essayer de les comprendre sous tous leurs aspects.

Voici donc ce que je peux dire à propos d'un courrier si banal:

L'expéditeur est un marin de l'aviso "Ville d'Ys", mis en service en 1917 et affecté essentiellement à l'assistance à la grande pêche sur les bancs de Terre-Neuve.

Il affranchit gratuitement sa lettre avec un 65c type PAIX surchargé F.M.; le  cachet administratif  "Marine Française*Service à la mer*" confirme ce droit. La valeur faciale de 65c pourrait surprendre pour une lettre simple en 1939, puisque depuis novembre 1937, le tarif est à 90c! Mais le 90c type PAIX surchargé F.M. ne sera émis qu'en juillet 1939. En fait, un timbre FM est valable indépendamment de sa faciale; le 65c servira d'ailleurs jusqu'en 1941...

La lettre est postée alors que le navire est à Brest. Le timbre est oblitéré du timbre à date du bureau de l'arsenal de Brest. Il s'agit d'une recette de plein exercice au service exclusif des marins stationnés dans le port. Ce bureau, qui avait déjà fonctionné de 1918 à 1921, fut réouvert le 16 avril 1937, pour des manoeuvres navales, et ferma définitivement à la mobilisation, le 2 septembre 1939, remplacé par BREST-NAVAL.



Voici le "Ville d'Ys" au charbonnage, à Saint-Pierre-et-Miquelon:


Devenu "Ville d'Ys II", ce vieil aviso se repliera en 1940 à Fort-de-France en Martinique, où il sera condamné à l'état d'épave en 1947.

mercredi 1 février 2012

Le grand jeu du mois!

N'y allons pas par quatre chemins; voici notre énigme mensuelle:


Qu'est-ce qui cloche?